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Soufi, mon amour, d’Elif Shafak #Rencontre de papier

La couverture nous surprend par ce derviche tourneur qui danse le sema, la main droite tournée vers le ciel pour récolter la grâce de Dieu et la main gauche tournée vers le sol pour la dispenser vers les hommes. Ce derviche nous agrippe et nous attire à l’intérieur de ce livre spirituel.




Le roman est constitué de deux histoires : la première est celle d’une femme Ella, vivant aux États-Unis découvrant un texte qui composera la deuxième histoire du roman. Cette seconde narration suit les pérégrinations de Shams de Tabriz, un derviche soufiste errant.

Le premier récit, se déroulant en 2008, est celui d’une quarantenaire mariée, mère de trois enfants, qui après avoir sacrifié sa vie professionnelle pour prendre soin des siens, reprend le travail en tant que lectrice pour une maison d’édition. Elle découvre alors l’ouvrage Doux Blasphème d’un auteur inconnu : Aziz A. On la suit dans ces interrogations de femme trompée, de ses désirs enfouis et son envie sincère d’aimer. Des questions qui résonnent en chacun de nous. Ella, transportée par le roman, prendra contact avec l’auteur et naîtra alors entre eux une correspondance clandestine, gonflée de bienveillance, de respect et d’amour, qui changera à jamais sa vie de femme.


Le second récit, une hagiographie romancée, se concentre sur un soufiste errant ainsi que sur les multiples personnages (des marginaux pour la plupart) qui vont croiser sa route. Shams de Tabriz, derviche insolent et indiscipliné, et pourtant tout amour, cherche un compagnon à qui il pourrait offrir son savoir sur Dieu avant sa disparition terrestre. Le destin le portera jusqu’à Konya (actuelle Turquie), où il pénétrera l’intimité du célèbre poète Djalâl ad-Dîn Rûmî. De leur rencontre émergera une amitié sincère mais jalousée des habitants de Konya ainsi que des proches de Rûmî.


Les deux aventures s’entrecoupent, se font échos : les personnages d’Ella et de Rûmi évoluent sensiblement grâce au soufisme, et nous en tant que lecteur, les suivons dans cet accomplissement, qui devient le nôtre également.


 

C’est une amie passionnée par le Moyen-Orient qui m’a convaincue de le lire. Au début, très sceptique sur le sujet central du livre : le soufisme (je me suis dis : « Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ésotérique ?! »), je me suis finalement plongée avec ravissement dans cette lecture ! Il faut dire que je suis très rétissante aux sujets touchants, de près ou de loin, à la religion, qu’importe sa forme. Mais on peut tout à fait lire l’ouvrage en s’imprégnant du soufisme tout en réduisant le caractère religieux du texte. Les quarante règles de Shams s’adaptent tout à fait à une pensée spirituelle générale ou agnostique. Shams de Tabriz, est un personnage complexe, à la fois plein d’orgueil et tout en même temps humble. Ces interventions auprès de petites gens délaissées, rabrouées et incomprises ont un sens percutant : « Le passé est un tourbillon. Si tu le laisses dominer ton présent, il t’attirera vers le fond, dit Shams comme s’il lisait dans mes pensées. Le temps n’est qu’une illusion. Ce qu’il faut, c’est vivre l’instant présent. C’est tout ce qui compte. » Ce court extrait intègre un dialogue tenu avec la prostituée Rose du désert pour l’accompagner dans son affranchissement de son statut d’esclave sexuelle.

Ce qui a été le vrai déclencheur de cette sublime lecture est l’adaptation théâtralisée du roman par le comédien Hassan El Jaï. Pour les curieuses et curieux, voici le lien vers l’article que j’ai rédigé précédemment sur le sujet.


 

Ce livre est un bijou : l’auteure, Elif Shafak est une conteuse hors pair, s’imprégnant de cette époque lointaine d’un Konya inconnu. Elle sait retransmettre au lecteur les mœurs, les paysages perdus. On est inspiré par les deux histoires qui se complètent, et nous offrent des règles spirituelles qui peuvent guider nos pas dans le chemin parfois difficile de la vie, de la recherche de soi-même, du bien-être et de l’absolue tranquillité.

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